« Le réseau a été un formidable accélérateur pour mon activité »

Yves Simon s’est installé sur la ferme de ses parents, déjà convertie en bio, en 2004. Son projet était d’engager la transformation à la ferme et la vente directe. « Après quelques années, je n’étais pas satisfait de voir mon chiffre d’affaires dépendant de plus en plus des grossistes, avec l’insécurité et la perte de valeur que cela engendrait. Avec d’autres éleveurs laitiers vendeurs directs, pourquoi ne pas mettre en commun nos savoir-faire et structurer une filière plutôt que de travailler chacun dans notre coin ? C’est ainsi que nous nous sommes lancés à quatre producteurs. Le réseau Invitation à la Ferme était né », se souvient Yves.

Aujourd’hui, sa petite entreprise transforme 400 000 litres de lait en ultra-frais (yaourts et desserts) avec l’aide de 11 salariés : 3 sur l’exploitation et le troupeau, 4 au laboratoire pour la transformation, 1 pour la préparation des commandes et les livraisons, 1 commercial, 1,5 administratif et comptabilité, 0,5 en gestion globale et RH. « Nous fonctionnons comme une petite PME, avec beaucoup de délégation de ma part. Le réseau Invitation à la Ferme a été un formidable accélérateur pour mon activité, avec à la clé plusieurs créations d’emplois. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Pour résumer : j’ai doublé mon EBE et triplé mon résultat net depuis que l’exploitation est entrée dans le réseau », déclare Yves.

Il rappelle aussi qu’en démarrant seul en vente directe, les premières années sont difficiles. « Il faut parfois quatre ou cinq ans avant de gagner de l’argent. La transformation ne va pas sauver une ferme en difficulté. » La transformation à cette échelle nécessite aussi une organisation du travail et une gestion des ressources humaines assez pointues. « Chez moi, personne n’est indispensable, toutes les compétences sont en binôme. Car il est impossible d’avoir une absence sur un poste. Ensuite, il faut savoir tenir ses salariés. Nous avons d’ailleurs une grosse demande de la part de nos collègues pour des formations sur comment recruter, comment manager des salariés. » Yves apprécie particulièrement l’appui du réseau qui lui permet d’être plus disponible pour son équipe et d’investir dans d’autres projets. Les derniers en date : l’autonomie énergétique avec une micro-méthanisation, et une diversification sur le végétal avec la lentille verte, le sarrasin et le quinoa. « J’ai trouvé un modèle qui fonctionne bien, je prends des congés, des week-ends. Je n’ai pas l’intention de m’agrandir mais plutôt de tenter d’autres choses, afin de me diversifier par rapport à la production animale. C’est aussi dans l’air du temps. »